Le Choix Symbolique du Porteur de la Flamme Olympique : Une Réflexion sur l'Impact Psychologique

Beaucoup d'encre a coulé autour du porteur de la flamme, Baptiste Moirot devenu célèbre, malgré lui, après une vidéo virale sur les réseaux. En dehors de toutes les péripéties de cette histoire, il me semble intéressant de se questionner sur les possibles conséquences que cette décision prise par le comité olympique pourrait avoir sur les personnes et plus particulièrement les jeunes.

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Céline Naud Psychanalyste

4/25/20244 min lire

article conséquences psychologiques sur le choix du porteur de la flamme; baptiste moirot
article conséquences psychologiques sur le choix du porteur de la flamme; baptiste moirot

Il n’est absolument pas question ici de juger ou dénigrer qui que ce soit mais d’amener une réflexion sur l’impact psychologique de nos actions et nos paroles.

Connaissez-vous Baptiste Moirot le jeune homme qui a été sélectionné pour allumer la flamme olympique ?

Les jeux Olympiques, un événement mondial célébrant l'excellence sportive et l'unité internationale, sont ponctués par un rituel chargé de symbolisme : l'allumage de la flamme olympique. Cette flamme, représentant la pureté, l'unité et l'esprit olympique, est traditionnellement allumée par une personnalité choisie par le pays organisateur pour incarner ces valeurs.

Le comité olympique de Paris 2024 a choisi Baptiste Moirot qui est connu pour sa vidéo virale il y a sept ans, soulève des questions pertinentes sur l'impact psychologique d’une telle décision, en particulier sur la jeunesse.

Dans la vidéo qui l’a rendu célèbre, nous voyons Baptiste en train de se filmer dans sa chambre. Il est assis parterre en sous-vêtement et jette du Kevlar dans une tasse en feu sous l’emprise de médicaments. Les internautes assistent alors à un échange devenu célèbre, entre lui et sa mère qui rentre dans sa chambre et qui l’accuse d’un comportement suspect : « Mais t’es pas net Baptiste ! » « Mais si je suis très net ! ».

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Réflexion

Un choix qui est loin d’être sans conséquence.

Il est surprenant de constater que nous avons deux poids deux mesures en ce qui concerne les réseaux sociaux, et honnêtement il est dur de s’y retrouver.

D'un côté, nous sommes témoins d'une diatribe alarmante contre l'utilisation excessive des réseaux sociaux, décriant les défis dangereux et les comportements risqués qu'ils engendrent, sur les conséquences physiologiques et psychologiques, sur les problèmes de dépendances, et j’en passe. D'un autre côté, les influenceurs et autres célébrités de ces réseaux qui sont honorés lors d'événements de grande envergure par les politiques eux-mêmes.

Alors les réseaux sociaux sont-ils dangereux ou géniaux ? Un comportement à risque peut-il être récompensé ? La célébrité permettrait-elle de faire ce que l’on veut ?

Voici donc un exemple parfait d’un discours contradictoire. Comment maintenant nous pouvons dire aux personnes qu’il faut être raisonnable avec les réseaux sociaux ? Avant, seule les marques et les entreprises jouaient avec les célébrités du web, nous pouvions dire que c’était une question de profit mais lorsque ce sont des instances symboliques, l’impact psychologique prend une dimension tout autre.

Un impact psychologique sur les jeunes et les moins jeunes.

Le comité des JO a non seulement récompensé un comportement à risque mais à valider également la prise de médicament et la course à des vidéos virales. Il en a fait un symbole d’excellence. Il est donc « bien » de faire tout et n’importe quoi pour devenir célèbre, c’est le comité des JO qui l’affirme.

Il me semble que nous oublions bien trop souvent l’impact de nos actes et de nos paroles sur les autres. Ce désir d’attirer la jeunesse et rentrer dans le monde des réseaux sociaux pour les institutions est louable et je dirais même qu’il serait mauvais de rester à l’écart mais peut-être que nous pourrions mieux réfléchir à la façon de le faire car les conséquences peuvent être lourdes.

Ce n’est jamais agréable d’avoir un rôle moralisateur, c’est sûr, tout le monde préfère être aimé par un plus grand nombre. Et pourtant, n’est-ce pas le cadre qui autorise, les repères ne sont-ils pas aussi donnés par les interdits ? N’est-ce pas la sécurité qui nous autorise à oser ?

« Là où l'on trouve un grand pouvoir, on trouve une grande responsabilité. » disaient Franklin D. Roosevelt, en 1945 et plus tôt Winston Churchill, en 1906. La question peut-être à se poser est de savoir quels sont nos grands pouvoirs et quelles sont donc nos responsabilités ?

Je pose souvent cette question aux personnes qui viennent me voir en thérapie car nous avons tous de grands pouvoirs et en avoir conscience c’est se protéger et protéger les autres. Il me semble important de ne pas abandonner cette conscience au profit de pulsions irréfléchies.

Epilogue :

Baptiste Moirot ne portera finalement pas la flamme des jeux olympiques, sur sa page instagram il a fait savoir qu'il se retirait du relais. Cette décision fait suite aux accusations par des jeunes femmes qui l'accusent d'avoir envoyé des messages à caractère sexuel alors qu'elles étaient mineures. 

L'annonce du retrait de Baptiste Moirot par lui-même ne dissipe pas les questions soulevées par son choix initial comme porteur de la flamme olympique, ni celui de se retirer car ce n'est pas la comité qui exprime que "c'est mal" comme comportement. 

Tous ces événements mettent en évidence la fragilité des choix symboliques et l'importance d'une réflexion approfondie sur les implications psychologiques de ses décisions, encore plus lorsque nous représentons des instances porteuses de sens.