Tik Tok Lite propose à ses utilisateurs de participer à diverses tâches pour accumuler des points, ces derniers pouvant ensuite être échangés contre des récompenses telles que des bons d'achat Amazon, des cartes-cadeaux via Paypal ou même être utilisés lors de sessions en direct avec d'autres utilisateurs. Mais quelle est la véritable valeur de ces points ? Pour gagner seulement 36 centimes d'euros, il faut investir une heure à regarder et liker des vidéos, mais avec une condition : ne pas se contenter de regarder la même vidéo en boucle. Cette stratégie vise à maintenir l'engagement des utilisateurs et à les inciter à passer toujours plus de temps sur l'application.
L'essor des réseaux sociaux s'accompagne souvent de nouvelles applications promettant non seulement divertissement mais aussi rémunération. TikTok, plateforme de partage de vidéos au succès fulgurant, a récemment lancé TikTok Lite en France, une version promettant aux utilisateurs la possibilité de gagner de l'argent en échange de leur activité sur l'application. Cependant, derrière cette promesse se cachent des mécanismes complexes et parfois préoccupants.
La Quête des Points : Un Nouveau Jeu à Haut Risque.
Les Coulisses de l'Addiction : Manipulation et Dépendance.
Il est crucial de comprendre que ces applications ne sont pas simplement des plateformes de divertissement, mais des entreprises qui exploitent habilement les mécanismes de notre cerveau pour nous rendre accros. En jouant sur la libération de dopamine, l'hormone du plaisir, ces applications créent un système de récompense qui nous pousse à revenir toujours plus souvent. Cette dépendance peut avoir des répercussions significatives sur notre bien-être, affectant notre sommeil, nos relations interpersonnelles et même notre santé physique et mentale à long terme ; élévation du niveau d’anxiété, potentiels problèmes cardio-vasculaires, modification de l’anatomie cérébrale et donc un impact important sur le système neuronal. À ce sujet je vous conseille la série sur Arte "Dopamine" qui explique clairement les conséquences des réseaux sociaux sur nos comportements et notre mental avec beaucoup d'humour.
L’effet Zeigarnik.
Nom d’un psychologue russe. C'est le fait de débuter une tâche qui crée une motivation d’achèvement qui restera insatisfait si elle n’est pas complété. Vous allez donc être poussé-e à achever la tâche qui vous est demandé.
Le besoin d'interaction sociale.
Les "J'aime" équivaux pour le cerveau à de l’interaction sociale et au sentiment d’appartenance à un groupe. Cela fait appel à l'avantage adaptatif important à notre survie ; augmentation des chances de rencontrer un ou une partenaire, assure notre protection face à un prédateur, on se sent plus fort, coopération pour la chasse (les infos) , échanges de savoir et de techniques.
Quand je reçois un "J'aime" le cerveau voit cela comme une validation sociale, ce qui induit une rétroaction ; je me sens obligé d’aller liker le contenu de la personne. Et nous voici pris au piège d'une boucle sans fin.
Si nous n’avons pas d’ "amis" ou de followers, ce n’est pas grave parce que poster va donner l’impression d’avoir des interactions sociales, le cerveau ne fera pas la différence et va activer les circuits cérébraux de la récompense ; la dopamine.
L'exposition répétée et les neurones miroirs.
Robert Zajonc psychologue dit que, plus on est exposé plus on aime. Du coup l'application va inciter les challenges pour que vous fassiez pareil ensuite les neurones miroirs vont vous faire imiter les marques et les influenceurs.
Quelques principes utilisés par les entreprises qui gèrent les réseaux sociaux.
Réflexion
Le Coût Invisible de la Gratification Instantanée.
L'utilisation intensive des réseaux sociaux peut également altérer notre capacité à penser de manière critique et à prendre du recul. En alimentant un algorithme qui nous montre principalement du contenu conforme à nos intérêts préexistants, nous risquons de nous enfermer dans une bulle informationnelle, privés de perspectives alternatives et de diversité de pensée. Pour résumer simplement, vous laissez l'algorithme penser à votre place et c'est vrai que cela est moins fatigant pour votre cerveau qui n'a pas besoin de faire des choix qui sont coûteux en énergie pour lui.
Vers une Conscience Critique.
Face à ces enjeux, il serait peut-être bon de prendre du recul et d'examiner de manière critique notre utilisation des réseaux sociaux. Sommes-nous réellement les bénéficiaires de cette relation, ou sommes-nous en réalité les travailleurs non rémunérés d'une entreprise qui tire profit de notre attention ? Les dindons d'une farce qui pourrait coûter cher à notre société en terme de santé mentale et physique. Faire un choix éclairé est important mais faut-il encore que nous ayons les moyens de le faire. En cela nous avons tous, je pense, notre part de responsabilité en veillant à bien nous informer et à bien informer.
N'oublions pas que ces applications sont là pour faire un maximum de profits sur nous et si vous pensez que vous êtes à l'abri parce que vous n'avez pas de compte sur les réseaux sociaux, sachez que vous avez certainement un "profil fantôme", c'est-à-dire que vous n'avez pas de profil visible mais que l'entreprise Méta (Facebook, Instagram, WhatsApp) connaît certainement beaucoup plus d'infos sur vous que vous-même. Lorsque vous allez sur un site où il y a un logo de ces applications, ces applications enregistrent votre comportement et en déduisent vos préférences à votre insu. Le but est de revendre ces informations à des sociétés qui vont pour certaines créer des publicités qui passeront sur les réseaux mais aussi sur d'autres médias et vous feront croire que vous avez absolument besoin de ce produit en utilisant vos faiblesses.
Conclusion
Nous ne pouvons que déplorer un double discours de la part la société qui d'un côté fustige l'utilisation des réseaux sociaux et de l'autre encourage à les utiliser. Comment ne pas être perdu-e dans un flot d'informations contradictoires ? Comment garder son autonomie de penser dans un monde qui pousse à la standardisation ?
Veillons à garder un esprit critique et ouvert et encourageons un débat bienveillant dans notre société.